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Évaluation d’une approche d’analyse du paysage pour planifier la conservation des habitats des oiseaux migrateurs et des espèces en péril dans l’écozone des Plaines à forêts mixtes : étude de cas au lac Saint-Pierre. Service canadien de la faune, Environnement Canada.

Jobin, B. et Langevin, R. et Allard, M. et Labrecque, S. et Dauphin, D. et Benoit, M. et Aquin, P. (2013). Évaluation d’une approche d’analyse du paysage pour planifier la conservation des habitats des oiseaux migrateurs et des espèces en péril dans l’écozone des Plaines à forêts mixtes : étude de cas au lac Saint-Pierre. Service canadien de la faune, Environnement Canada. [Publication gouvernementale]

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Jobin et al._2013_Analyse paysage_habitats_oiseaux migrateurs_A.pdf

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Résumé

Le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement Canada, région du Québec, a réalisé un projet pilote afin de développer et de tester une méthodologie permettant de déterminer les sites prioritaires pour la conservation des oiseaux migrateurs à l’échelle de la région de conservation des oiseaux (RCO) 13 située dans l’écozone des Plaines à forêts mixtes. L’approche utilisée est basée sur l’écologie du paysage et permet de coupler les besoins réels en matière d’habitat des espèces prioritaires à une analyse fine de la composition et de la répartition spatiale des habitats. Ceci permet donc d’avoir une vision plus intégratrice et à plus grande échelle du territoire au lieu de cibler la protection de sites déjà connus comme importants pour les oiseaux (approche par « hot spot » traditionnellement utilisée en conservation). Un modèle logique, qui illustre les étapes nécessaires à la réalisation d’un plan de conservation selon cette approche paysage, a été développé et testé. La région du lac Saint-Pierre (incluse dans la RCO 13) a été choisie comme aire d’étude.

Le but du projet était de déterminer la structure actuelle et potentielle du paysage dans le but de maintenir et de rétablir des habitats fonctionnels et viables pour les espèces considérées comme prioritaires pour ce projet. Au total, 48 espèces présentant des enjeux de conservation identifiées dans le plan de conservation de la RCO 13 ont été retenues, incluant les espèces en péril pour lesquelles des habitats essentiels sont proposés ou désignés. Ces enjeux sont presque tous associés à la disponibilité des habitats de nidification. Une carte d’occupation du sol a été réalisée et validée. Au total, sept classes générales (anthropique, arbustif, culture annuelle, culture pérenne, eau, forestier, milieu humide) et 21 classes détaillées d’occupation du sol ont été retenues. Les données sur les aires protégées et sur les espèces en péril présentes dans l’aire d’étude ont aussi été compilées et utilisées. L’analyse réalisée à l’aide des logiciels ArcGIS et FRAGSTATS se divise en deux grands volets : 1- l’analyse descriptive et 2- la fonctionnalité du paysage. Cette analyse a été réalisée à l’échelle de l’aire d’étude, ainsi qu’à celle des MRC et des bassins versants. Ces deux derniers découpages spatiaux ont été retenus car ils facilitent la mise en œuvre des recommandations de conservation en les intégrant au processus usuel de planification du territoire au Québec. L’aire d’étude est largement dominée par l’agriculture : les cultures annuelles et pérennes couvrent respectivement 31 % et 20 % du territoire. Suivent les milieux forestiers (24 %), les zones d’eau libre (10 %), les milieux humides (10 %), les milieux anthropiques (4 %) et les milieux arbustifs, qui ne couvrent que 1 % du territoire. Une analyse détaillée a aussi permis de localiser les secteurs de l’aire d’étude où la fragmentation forestière est réduite et où se situent les habitats forestiers d’intérieur. La fonctionnalité du paysage a été analysée en comparant la composition du paysage à des seuils de référence connus, en déterminant des corridors de déplacement potentiels pour les oiseaux forestiers et en évaluant la disponibilité de certaines classes d’habitats prioritaires. Les seuils de référence utilisés ont été extraits du document Quand l’habitat est-il suffisant? et ciblaient les habitats forestiers, les milieux humides et les bandes riveraines. Les habitats forestiers sont sousreprésentés dans l’aire d’étude, bien que les habitats forestiers d’intérieur qui s’y trouvent permettent de soutenir des populations d’oiseaux forestiers. Les milieux humides sont abondants autour du lac Saint-Pierre, mais leur présence est limitée ailleurs sur le territoire. De plus, l’intégrité de ces habitats est menacée puisque les milieux adjacents sont fortement anthropisés. On observe la même situation pour les bandes riveraines. Des corridors de déplacement pour les oiseaux forestiers visant à relier les massifs forestiers > 1000 ha ont été déterminés à l’aide du logiciel Corridor Designer. Quatorze corridors ont été retenus en fonction de critères préétablis (largeur > 300 m, distance entre les boisés < 200 m). Enfin, les habitats prioritaires de nidification ont été déterminés en appliquant les principes de filtre grossier et de filtre fin. Des centaines de parcelles d’habitat occupant des superficies minimales requises pour combler les besoins des espèces prioritaires (filtre grossier) ont ainsi été sélectionnées dans toute l’aire d’étude et pour différentes classes de milieux (forêt > 100 ha, culture pérenne > 40 ha, milieu arbustif > 5 ha, marais > 5 ha, marécage arbustif > 5 ha, tourbière > 20 ha). Toutes les parcelles de marécage arboré et de prairie humide ont été considérées comme prioritaires puisqu’aucun seuil de superficie minimale n’est connu pour ces classes d’habitat. Une priorisation des meilleures parcelles de chacune des classes d’habitat a ensuite été faite à l’aide d’une série de critères portant sur leur importance pour l’établissement et le maintien de populations d’oiseaux nicheurs (ex., forme des parcelles; % d’habitat d’intérieur) ou sur leur rôle écologique dans le paysage (ex., mise en place de zone tampon autour des aires protégées; présence d’espèces en péril). Finalement, d’autres composantes d’habitats recherchées par certaines espèces (filtre fin) ont été localisées sur le territoire d’étude comme des sablières et des sols dénudés en milieu forestier. Un diagnostic sur la capacité du paysage à procurer des habitats fonctionnels aux espèces d’oiseaux prioritaires a ensuite été réalisé. Parmi les lacunes relevées, on note la faible superficie occupée par les friches arbustives (1 %), le manque de couverture forestière (inférieur au seuil de 30 % établi), la répartition inadéquate des milieux humides (peu présents en dehors de la région immédiate du lac Saint-Pierre), une forte perturbation des bandes riveraines adjacentes aux cours d’eau, ainsi que des corridors forestiers qui répondent peu aux critères de sélection. Un plan de conservation des habitats de nidification des oiseaux migrateurs et des espèces en péril a été développé qui tient compte de la description et de l’analyse de la fonctionnalité du paysage, de même que des enjeux de développement régional. Ce plan de conservation propose des actions de conservation qui sont détaillées à l’échelle des MRC et des bassins versants : la priorisation de parcelles d’habitats avec référence spatiale (habitats d’espèces d’oiseaux en péril, parcelles du filtre grossier et du filtre fin, corridors forestiers), la protection de composantes d’habitat sans référence spatiale (ex., chicots de grand diamètre, nichoirs à Hirondelle noire) et les éléments du paysage à considérer pour le maintien de processus écologiques (ex., bandes riveraines végétées). Une validation est toutefois nécessaire car les données relatives à certains habitats peuvent dater de plusieurs années. Des pistes et des propositions pour la mise en œuvre du plan de conservation sont aussi présentées. Enfin, un bilan général du projet soulève les différents avantages et certains inconvénients de l’approche paysage retenue et met en lumière certaines problématiques rencontrées. Diverses recommandations sont proposées permettant d’appliquer la méthode d’analyse utilisée afin de favoriser l’arrimage des outils existants et la concertation des intervenants impliqués dans l’aménagement du territoire.

Environment Canada’s Canadian Wildlife Service (CWS), Quebec Region, has conducted a pilot project to develop and test a method to identify priority sites for migratory bird conservation within Bird Conservation Region (BCR) 13, located in the Mixedwood Plains ecozone. The approach is based on the landscape ecology theory, making it possible to associate habitat needs of priority bird species with a finer description of habitat composition and spatial distribution. This landscape-based approach is more integrative and allows for work on a broader scale instead of the more conservative approach based on known priority sites (hot spots) traditionally used in conservation planning. A logic model illustrating the steps for preparing a conservation plan was developed and tested. The Lake Saint-Pierre region (included within BCR 13) was selected as the study area.

The goal of the project was to determine the current and potential structure of the landscape in order to maintain and restore functional and viable habitats for the priority species for this project. A total of 48 species identified in the BCR 13 conservation plan as species of conservation concern were selected, including species at risk for which critical habitat was proposed or designated. The issue regarding those priority species is for the most part associated with breeding habitat availability. A land cover map of the study region has been produced and validated. A total of 7 general (anthropogenic, shrubland, annual crops, perennial crops, water, forest, wetland) and 21 detailed land cover classes were delineated. Data on the protected areas and species at risk present in the study area were also compiled. The analysis performed with ArcGIS and FRAGSTATS software was divided into two major components: 1, descriptive analysis; and 2, landscape functionality. The analysis was performed at the study area level, at the regional county municipality (RCM) scale and at the watershed scale. The last two spatial units were selected because they foster effective implementation of the conservation recommendations whereby priority sites can be considered in regional land-use planning activities. The study area is largely dominated by agriculture: annual and perennial crops cover 31% and 20% of the study area respectively, followed by forest (24%), open water (10%), wetlands (10%), anthropogenic areas (4%) and shrubland (which accounts for only 1% of the area). A detailed analysis also identified portions of the study area most suitable for forest birds, where forest fragmentation is reduced and where forest interior habitats still prevail. Landscape functionality was analyzed by comparing the composition of the landscape with known habitat thresholds, by identifying movement corridors for forest birds, and by assessing the availability of certain classes of priority habitat. The thresholds used to compare the landscape of the study area, RCM and watersheds were taken from the document How Much Habitat is Enough? and focused on forest habitat, wetlands and riparian buffer strips. Forest habitats are under-represented in the study area, though forest interior habitats could probably support forest bird populations. Wetlands are abundant around Lake Saint-Pierre, but their presence is limited in the rest of the area. Furthermore, the integrity of these habitats is at risk because the adjacent habitats are strongly influenced by human activity. The same is true for riparian buffer strips. The identification of movement corridors for forest birds focused on connecting forest patches > 1000 ha. Using Corridor Designer software, 14 movement corridors were selected based on pre-established criteria (width > 300 m; distance between woodlots < 200 m). Priority breeding habitats were then identified using the coarse- and fine-filter approaches. Hundreds of habitat patches occupying the minimum surface area necessary to meet the needs of multiple priority species (coarse-filter approach) were identified throughout the study area and in various types of environments (forest > 100 ha, perennial crops > 40 ha, shrubland > 5 ha, marsh > 5 ha, shrub swamp > 5 ha, peatland > 20 ha). All patches of forest swamp and wet meadow were considered priority sites because no minimum area threshold is known for those habitat classes. The best patches in each habitat class were then prioritized according to a series of criteria related to their significance for the establishment and maintenance of nesting bird populations (e.g. patch shape, % of interior habitat) or their ecological role in the landscape (e.g. creation of a buffer zone around protected areas, presence of species at risk). Finally, other habitat components specific to certain species (fine-filter approach) such as sand pits and rocky outcrops in forest environments were also identified.

A diagnosis of the ability of the landscape to provide functional habitat for priority bird species was performed. The deficiencies noted in the study area included the limited surface area occupied by shrubland (1%), the lack of forest cover (< 30%), the inadequate distribution of wetlands (few are located outside the immediate vicinity of Lake Saint-Pierre), severe disturbance of riparian buffer strips, and forest corridors that do not meet the established criteria. A conservation plan for migratory bird and species at risk habitat was developed taking into account the description and analysis of landscape functionality, as well as regional development issues. The conservation plan proposes detailed conservation actions at the RCM and watershed scales: prioritization of spatially explicit habitat patches (habitat of avian species at risk, coarseand fine-filter patches, forest corridors), protection of non-spatially explicit habitat components (e.g. large-diameter snags, Purple Martin nest boxes), and landscape attributes to be considered for the maintenance of ecological processes (e.g. vegetated riparian buffer strips). The conservation plan must be validated at the site level because the data on certain habitats may be outdated. Possible actions and proposals for the implementation of the conservation plan are also presented. Lastly, a general summary of the project points out the benefits and some shortcomings of the landscape-based approach that was used and highlights some problems encountered. A suite of recommendations are proposed to help with the application of the approach and to support a joint involvement of partners and stakeholders in land use planning.

Type de document: Publication gouvernementale
Éditeur: Service canadien de la faune, Environnement Canada
Statut du texte intégral: Public
Mots-clés libres: Écologie du paysage, Lac Saint-Pierre, écozone des Plaines à forêts mixtes, Oiseaux migrateurs, Habitats // Landscape ecology, Lake Saint-Pierre, Mixedwood Plains ecozone, Migratory birds, Habitats
Sujets: 3. Végétation, milieux humides
4. Faune > 4.4. Oiseaux
5. Aménagements > 5.2. Conservation de l’habitat
Date de dépôt: 04 août 2016 19:01
Dernière modification: 20 mars 2017 17:37
URI: https://belsp.uqtr.ca/id/eprint/268

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